En tant que professionnel d’aide à la petite enfance, vous vous êtes déjà sûrement demandé comment évaluer de manière fiable le profil d’attachement d’un jeune enfant à son parent…

Emma décrite comme une enfant timide…

Imaginez la scène : vous êtes en consultation avec une maman et sa petite fille que nous appellerons Emma âgée de 6 ans. La maman est inquiète car Emma a très peu d’amies et ses résultats scolaires sont faibles. Cette dernière reste collée à sa maman et refuse de venir vers vous pour découvrir les jeux que vous lui proposez. La maman vous dit qu’elle est « timide »… A la séance suivante, vous rencontrez Emma seule, sans sa maman. Aujourd’hui, elle adhère calmement à ce que vous proposez mais sans investir l’espace thérapeutique et répond par « oui » ou « non » aux questions que vous lui posez. Les silences sont donc assez fréquents lors de cette rencontre. Ce même genre de scénarios va se répéter sur plusieurs séances. Vous ne savez plus trop comment aider Emma même si vous sentez bien qu’il y a un besoin d’aide chez elle derrière son apparente neutralité…

Voici le genre de situations qui a déjà dû vous arriver ! A la lecture de cette vignette, vous pouvez facilement faire l’hypothèse qu’Emma présente un attachement insécure. En effet mais lequel ? Il est primordial de pouvoir se faire une idée du profil d’attachement de l’enfant, ceci afin de mieux comprendre les besoins de l’enfant et ainsi adapter notre prise en charge. Vouloir faire parler « à tout prix » de ses difficultés un enfant avec un profil insécure anxieux-évitant sera peu bénéfique pour l’alliance thérapeutique. Dans le même ordre d’idées, proposer des réponses éducatives à un enfant « difficile » ne sera pas adapté si celui-ci présente un profil désorganisé. 

Les histoires racontées par Emma en disent long sur son profil d’attachement

Étant donné la manière dont la maman décrit sa petite Emma en évoquant des termes comme autonome, calme, parle peu de ses émotions, ceci ajoute des indices laissant penser à un attachement insécure évitant. Vous optez alors pour lui proposer les Histoires à compléter, des débuts d’histoires racontées avec des playmobils qui mettent en scène des situations mettant en jeu la relation d’attachement. Les histoires racontées par Emma sont très peu élaborées. Elle répond “au plus vite”, la maman est peu présente dans le jeu, même chose pour le papa. L’enfant se débrouille bien souvent seul. Lors de ce petit jeu, vous sentez Emma sur la réserve (…comme à son habitude…) et elle ne s’engage que superficiellement dans le jeu. Après cette passation, vous évaluez les histoires d’Emma: en effet, son type d’attachement se rapproche le plus du profil d’attachement évitant.

L’attachement évitant dans la relation thérapeutique, un challenge!

Dès lors, il apparaît indispensable de laisser à Emma le temps de s’approprier cet espace thérapeutique. Les enfants avec un profil d’attachement évitant n’ont pas pour habitude de discuter de leurs états émotionnels, ni même d’en avoir conscience. Pour ce faire, une simple présence bienveillante accompagnée de diverses activités ayant pour fonction de réguler la relation devraient permettre à Emma de se dévoiler lentement mais sûrement… Après un temps qui sera le sien, il est fort probable qu’Emma fera part de ses difficultés à se faire des amies ne sachant pas trop de quoi leur parler et en supportant pas les conflits qui arrivent souvent avec ces dernières. Elle vous évoquera aussi son ressenti négatif quant à cette institutrice qu’elle décrira comme “vieille folle qui n’arrête pas de crier” et donc le sentiment d’insécurité qu’elle a en classe. Elle vous dira elle-même qu’elle a du mal à se concentrer sur les évaluations car elle redoute la prochaine crise de l’institutrice et les méchancetés qu’elle pourrait lui dire. 

Notre formation va vous outiller

Dans le cadre de la formation, l’objectif sera de vous outiller pour pouvoir objectiver davantage le profil d’attachement présenté par l’enfant. Ceci pour des enfants de 18 mois à 9 ans environ. Nous verrons ensemble les deux instruments les plus utilisés, à savoir la Situation de l’Etrange et les Histoires à compléter. Des notions de la théorie de l’attachement et les troubles du comportement seront abordées ainsi que des lignes directrices sur la rédaction d’un rapport orienté attachement. Cette formation se veut participative. 

Pour voir le programme et vous inscrire : https://humagogie.fr/attachement-chez-les-jeunes-enfants/

Références bibliographiques

Ainsworth, M.D.S., Blehar, M.C., Waters, E., & Wall, S. (1978). Patterns of attachment: A psychological study of the Strange Situation. Hillsdale, NJ: Erlbaum.

Bretherton, I., Ridgeway, D., & Cassidy, J. (1990). Assessing internal working models of the attachment relationship: An attachment story completion task for 3-year-olds Attachment in the preschool years: Theory, research, and intervention (pp. 273–308). Chicago: University of Chicago Press.

Miljkovitch, R., Pierrehumbert, B., Karmaniola, A., & Halfon, O. (2003). Les représentations d’attachement du jeune enfant. Développement d’un système de codage pour les histoires à compléter. Devenir, 15, 143–177.